Damien Deville, géographe, est notre ambassadeur du mois de janvier.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Damien Deville, je suis un jeune géographe travaillant à La Sorbonne. Mes recherches s’intéressent aux territoires et aux manières d’y tisser le lien ainsi qu’aux métamorphoses qu’il s’agit d’opérer face aux enjeux contemporains. J’ai fait ma thèse de doctorat sur les Cévennes, puis j’ai travaillé sur le Burkina Faso et sur les villages oubliés de l’économie du vin en Gironde. Depuis peu, je planche sur l’ancienne province culturelle du Maine : Sarthe, Mayenne et Maine et Loire.
Engagé dans la vie publique sur ces mêmes thèmes (les territoires, l’écologie et le lien), je suis également auteur, conférencier, et je participe régulièrement à des débats médiatiques. Au fond, mes recherches et mes engagements pourraient se résumer à cette simple phrase : faire de chaque lieu une terre de relations.
Petit-fils d’une femme sarthoise extraordinaire et proche d’elle, j’ai passé toute une partie de mon enfance et mon adolescence en Sarthe. C’était aussi chez elle que les fêtes de famille étaient organisées, tout comme les moments de commémoration indispensables au ciment social. J’ai toujours été très attaché à cette maison et à toutes les relations dont elle est la gardienne. Après le décès de ma grand-mère, c’est naturellement que nous y avons posé nos valises. Ainsi, comme un fragment de lieu en héritage, nous vivons maintenant dans l’ancienne maison de mon aïeule au cœur du Belinois, dans la commune de Saint-Ouen-en-Belin.
Pourquoi avoir rejoint le club ?
Face aux enjeux contemporains, les territoires sont la clé ! Car c’est à cette échelle que le vivant déborde, qu’il s’exprime. C’est aussi à cette échelle que nous, humains, nous tissons la plupart de nos sociabilités. Se retrouver entre acteurs d’un même lieu pour y forger ensemble, dans nos diversités, des horizons communs, est un besoin autant qu’une quête. Il suffit parfois d’un rien pour que les choses communes deviennent une cause commune.
La Sarthe est un département méconnu qui cache bien ses secrets.
Quelle est votre action ?
La Sarthe est un département méconnu qui cache bien ses secrets. J’aime sa diversité de visages : les Alpes mancelles et ses falaises grignotées par le temps, le Belinois, une terre de jardins et de chevaux, La vallée de la Sarthe et la vallée du Loir, des pays d’eaux, le Perche et ses mille collines. J’aime aussi ses héritages historiques et culturels, bien qu’ils ne soient pas toujours assez dévoilés dans les récits locaux. J’aime également le cosmopolitisme de la ville du Mans qui ruisselle d’un territoire à l’autre.
Enfin j’aime ce mode de vie qui nous rassemble : sarthois et sarthoises, nous avons le cœur comme nos paysages, rempli d’eau ! Cela peut créer parfois des tempêtes, mais ça reste, dans tous les cas, l’exact inverse d’un cœur sec.
Ici, j’essaie de penser et d’écrire ces récits pluriels qui composent le Maine mais aussi de faire atterrir mes engagements nationaux dans des projets locaux. La Sarthe a toujours été connectée au monde, si bien qu’elle est aujourd’hui traversée par les héritages contemporains dont certains demandent d’être métamorphosés. Recréer du lien dans les villages, opérer davantage de réciprocités entre Le Mans et le reste du département, réinstaller des médecins, prendre soin du bocage et de l’eau sont du nombre.
